Cobayes biométriques...
Sécurité. A la gare de Mayence, des usagers expérimentent l'identification par caméra.
Cobayes allemands pour tests biométriques
Par Nathalie VERSIEUX
QUOTIDIEN : jeudi 26 octobre 2006
Berlin correspondance
La gare de Mayence est pour un temps l'une des plus surveillées d'Europe. Non pas que des menaces pèsent sur l'édifice... La police fédérale y teste simplement l'efficacité de l'identification par la biométrie.
Mâchoire. Deux cents volontaires, qui ont pour particularité de fréquenter chaque jour cette gare, ont accepté de confier leurs données biométriques à la police : écart entre les yeux, dimension de la mâchoire, etc. Les caméras placées dans la gare doivent désormais détecter chacun de leurs passages près de l'escalator central, et ce quelles que soient les conditions de luminosité ou la vitesse de déplacement de la personne filmée. La biométrie est-elle un moyen sûr de repérer un individu au milieu d'une foule ? C'est la question que se posent les spécialistes de la sécurité. L'idée est en effet de pouvoir détecter la présence d'une personne recherchée (terroriste, enfant disparu, hooligan...) dans l'anonymat d'une gare, d'un aéroport, d'un couloir de métro ou d'un centre commercial. Les ordinateurs auxquels sont reliées les caméras sont supposés réagir chaque fois que le visage d'une personne recherchée apparaît sur l'écran. Les deux cents cobayes sont tous équipés d'un émetteur électronique dont les informations seront comparées avec celles fournies par les six caméras installées à cet effet dans la moitié gauche du hall central. «Les émetteurs nous permettent de savoir précisément quel cobaye est passé, quel jour et à quelle heure, à proximité d'une caméra», précise Christian Bockert, le porte-parole de la police criminelle, le BKA. Et donc de vérifier la fiabilité du système.
Libertés. Jamais encore on n'avait procédé en Europe à un test de cette envergure. L'expérience, menée depuis le début du mois d'octobre, doit durer jusqu'en janvier et provoque un vif débat en Allemagne, alors même qu'aucune décision politique n'a été prise pour décider de l'avenir de la biométrie si le test s'avérait concluant. «C'est une expérience. Notre but n'est pas de surveiller les gens. Les logiciels ne sont en aucun cas connectés à de vrais fichiers de la police et toutes les images prises sont détruites au bout de quarante-huit heures», précise le BKA. Sans parvenir à rassurer les défenseurs des libertés individuelles, qui redoutent le «couplage entre vidéosurveillance et biométrie», comme le précise Peter Schaar, le monsieur Informatique et libertés allemand.
http://www.liberation.fr/vous/213003.FR.php
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L’Allemagne teste la biométrie dans ses gares
Les techniques biométriques permettent-elles
d'identifier à coup sûr, au milieu d'une foule, un
terroriste ou un criminel présumé ? Deux cents cobayes
volontaires vont tenter de le vérifier à Mayence
(ouest) lors d'un test grandeur nature.
Les techniques biométriques permettent-elles
d'identifier à coup sûr, au milieu d'une foule, un
terroriste ou un criminel présumé ? Deux cents cobayes
volontaires vont tenter de le vérifier à Mayence
(ouest) lors d'un test grandeur nature, organisé par
la police allemande.
Cette expérience unique en Europe, qui a démarré
cette semaine et doit durer jusqu'en janvier, a pour
objectif de tester les systèmes informatiques
prétendument capables de "reconnaître"
automatiquement, sur les images des caméras de
vidéo-surveillance, les visages de criminels ou de
personnes recherchées, en comparant ces images aux
photos de suspects stockées dans un fichier.
La technique, si elle s'avérait fiable, permettrait à
la police d'interpeller plus facilement, au milieu
d'une foule de supporteurs, des hooligans fichés comme
dangereux, ou de repérer sur le quai d'une gare un
enfant dont l'enlèvement aurait été signalé.
Avant d'en arriver à de telles applications, la
police fédérale allemande (BKA) a voulu tester la
fiabilité d'un tel système. Pour ce faire elle a
demandé leur aide à 200 citoyens ordinaires de la
région de
Mayence, ayant pour seul point commun d'être des
usagers quotidiens de la gare centrale de cette ville.
Chacun des cobayes, recrutés en septembre, a d'abord
été photographié. Les logiciels soumis au test ont
extrait de ces 200 portraits des fiches biométriques,
comportant des données comme la largeur de la mâchoire
ou la distance entre les yeux de chaque individu.
Puis chaque participant s'est vu remettre un petit
émetteur électronique, qui signalera son passage
chaque fois qu'il empruntera l'escalier mécanique
situé au centre de la gare.
"Avec cet émetteur, nous saurons exactement lequel
des cobayes sera passé au point-test, quel jour et à
quelle heure. Mais les trois systèmes informatiques
que nous testons, eux, ne le +sauront+ pas", explique
à l'AFP Christian Brockert, du BKA. L'enjeu est de
vérifier si les logiciels identifieront malgré tout
les personnes fichées sur les images des caméras, et
ce quelles que soient les conditions de luminosité ou
la vitesse à laquelle se déplace la personne filmée.
"Il s'agit uniquement d'une expérience. Notre but
n'est pas de surveiller les gens, et les logiciels ne
sont en aucune façon connectés à de vrais fichiers
policiers de personnes recherchées", tient à rassurer
M. Brockert.
Car le test suscite bien sûr des craintes parmi les
défenseurs des libertés individuelles.
La police a certes présenté des garanties, expliquant
notamment que les images des personnes ne faisant pas
partie du panel de 200 cobayes seront effacées au bout
de 48 heures.
Mais le chargé de mission gouvernemental pour la
protection des données, Peter Schaar, ne cache pas son
inquiétude à plus long terme, si l'expérience
s'avérait concluante et que "le couplage entre la
vidéo-surveillance et la biométrie" venait à se
généraliser.
Au BKA, on rappelle que, "de toute façon,
l'utilisation d'une telle technique ne pourra relever
au final que d'une décision politique".
L'actualité a montré cet été que la
vidéo-surveillance pouvait grandement aider les
policiers chargés de la lutte antiterroriste. Ce sont
des caméras qui ont en effet permis de confondre deux
des suspects dans l'enquête sur le double attentat
manqué du 31 juillet dans des trains régionaux
allemands.
L'identification biométrique, si elle avait été
utilisée, n'aurait cependant pas joué un grand rôle
dans cette affaire: les suspects, inconnus des
services de police, n'étaient pas fichés.